GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) : génèse, rôle et missions

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Le nom du GIEC revient régulièrement dans les débats sur le climat et le réchauffement de la planète. Rien de moins étonnant : le GIEC est le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat des pays membres de l'ONU. Il fait partie des références institutionnelles dans la lutte contre le réchauffement climatique. 

C'est quoi le GIEC ?

personne travaillant sur les énergies renouvelables

Qu'est-ce que signifie GIEC ?

GIEC signifie groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Il ne s'agit donc pas d'un centre de recherche comme le CNRS en France qui produit ses propres travaux de recherche. Le GIEC analyse les travaux des chercheurs sur le climat et publie son avis sous forme de rapports. Tout repose sur le principe du consensus : les résultats des rapports du GIEC font tous l'objet d'un consensus scientifique.

Le GIEC est chargé d'évaluer, sans parti pris et de manière méthodique, claire et objective, les informations scientifiques, techniques et socio-économiques disponibles en rapport avec la question du changement climatique. Il synthétise les travaux reálisés par les différents centres de recherche mondiaux.

Histoire du GIEC

Le GIEC naît en 1988, à la demande du G7. Il est créé par deux organismes des Nations Unies : l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Ce sont le président américain Ronald Reagan et la première ministre anglaise Magaret Thatcher qui aurait poussé à la création du GIEC pour empècher une agence de l'ONU accuser de militantisme écologique de prendre le contrôle de l'expertise climatique internationale.

Le GIEC est-il un think tank ?Un think tank est un groupe de réflexion privé qui produit des études sur des thèmes de société. Il vise à influencer les décisions politiques. C'est donc une organisation qui diffère du GIEC sur deux points :  le GIEC n'est pas un acteur privé et il est en charge de faire la synthèse des travaux actuels sur les sciences du climat. 

Comment fonctionne le GIEC ?

Qui dirige le GIEC ?

Depuis sa création, le GIEC a connu 5 présidents, dont 1 président en intérim :

  • Bert Bolin (1988-1997), météorologiste suédois, professeur à l'Université de Stockholm et auteur d'une serie d'article sur les dangers potentiels du CO2 ;
  • Robert Watson (1997-2002), chimiste britannique ayant travaillé sur l'appauvrissement de la couche d'ozone, le réchauffement climatique et la paléoclimatologie, dans le cadre de ses recherches sur les sciences de l'atmosphère ;
  • Rajendra Kumar Pachauri (2002-2015), ingénieur indien et président de l'Institut de l'énergie et des ressources indiennes ;
  • Ismaïl El Gizouli (intérim en 2015), spécialiste soudanais du climat ;
  • Hoesung Lee (depuis 2015), économiste sud-coréen.

Qui compose le GIEC ?

Le GIEC est composé d'une centaine d'experts éminents qui remplissent les fonctions d'auteurs coordinateurs principaux et d'auteurs principaux. Une autre centaine d'auteurs apportent des contributions plus ponctuelles.

Dans le détail, le GIEC se divise en trois groupes : 

  • Le Groupe I étudie les principes physiques du changement climatique ;
  • Le Groupe II étudie les impacts, la vulnérabilité et l'adaptation au changement climatique ;
  • Le Groupe III étudie les moyens d'atténuer le réchauffement planétaire.

Une équipe spéciale travaille sur les inventaires nationaux des émissions de gaz à effet de serre. Chaque groupe de travail est dirigé par deux présidents : un président venant d'un pays développé et un président issu d'un pays en voie de développement.

Qui finance le GIEC ?

Ce sont les pays membres qui financent le GIEC, de manière volontaire. Le budget du GIEC est relativement limité, oscillant entre 4 et 10 millions de dollars en fonction l'activité. En France, ce sont les ministères de la Transition écologique et solidaire, de l'Europe et des Affaires étrangères et de l'Enseignement supérieur.

Rapports du GIEC

deux ours polaires sur la banquise

En 2018, il existe 5 rapports, à l'influence plus ou moins grande sur les politiques internationales de régulation environnementale.

First Assessment report, 1990

Le premier rapport du GIEC fait le constat de l'accroissement de l'effet de serre dû à des émissions liées aux activités humaines. Le rapport propose 4 scénarios prévisionnels, avec différents degrés de réglementation. Ce rapport évalue aussi l'impact du réchauffement climatique sur l'agriculture, la biodiversité, les ressources en eau et la santé publique. 

Ce rapport a insité l'ONU a adopté en 1992 la Convention cadre sur les changements climatiques.

Changement climatiques, 1995

De 1990 à 1995, des études ont été menées pour distinguer les influences naturelles et celles qui relèvent de l'activité humaine. Ce deuxième rapport du GIEC forunit les bases du protocole de Kyoto.

Bilan 2001 des changements climatiques.

Ce troisième rapport est composé de trois rapports d'étude (un par groupe de travail) et un rapport de synthèse. Il marque un véritable tournant dans le traitement médiatique des rapports du GIEC.

Changements climatiques 2007

Ce rapport est publié l'année pour le GIEC gagne avec Al Gore le prix Nobel de la paix.

Changement climatique 2014

Alors que le deuxième rapport avait servi de base pour le protocole de Kyoto, le cinquième rapport a influencé l'Accord de Paris, signé par de très nombreux pays à l'issue de la Cop 21.Ce rapport conclut que le réchauffement climatique peut être limité à 2ºC en moyenne planétaire de plus qu'avant la Révolution industrielle, si les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont réduites de 40 à 70% d'ici à 2050. Le rapport souligne aussi que si l'intégralité des ressources fossiles sont consommées, le réchauffement climatique sera de 4 à 5ªC en 2100, et de 7 à 8ªC au siècle suivant.

Controverses autour du GIEC

Qui dit climat dit malheureusement climato-sceptiques. Pourquoi le GIEC ment ? Pourquoi le GIEC doit être démantelé ? Les climato-sceptiques sont relativement imaginatifs dans leurs théories du complot pour tenter discréditer le GIEC et ses travaux. Organisme entre science et politique, le GIEC est facilement attaquable sur le terrain de l'objectivité et de la neutralité. Il se fait donc de temps à autre polémique.

D'autres critiques méritent qu'on leur accorde plus d'importance que le lien entre GIEC et illuminatis. Le fait que le GIEC soutienne toujours une position de consensus a minima ne lui permet pas de refléter l'intégralité de l'état de la recherche actuelle sur le climat. Cela limite les capacités du GIEC à communiquer sur l'urgence climatique actuelle. Un article de Patrick Brown et Ken Caldeira publiá dans la célèbre revue Nature revoit ainsi à la hausse les pires modèles du GIEC concernant le réchauffement climatique.